Paquet déposé à l'office de Hurlevent

A la puissante et fédératrice Guilde du Fer ; A ses honorables membres et respectables dignitaires ; A son éminent Vénérable Courbe-Rune ;

Le salut.

J'suis Kazal, fils de Barod et dernier d'la lignée des Brossétain. Pour sûr, t'as sans doute jamais entendu causé d'ma famille, et encore moins de moi. J'viens d'une lointaine vallée nichée dans les confins des Paluns, d'un p'tit bourg paisible qu'on nomme Vardemald. Fin, j'dis paisible... C'est vite dit. La guerre a ruiné les miens, et des évènements atroces ont ébranlé mon clan jusqu'à ses fondations. Pourtant, nous, les enfants du Forgerage, on est des battants. De nos Ancêtres, nous sommes les plus vaillants et ceux qui ont les tranchoirs les plus fins. Là d'où j'viens, on dit qu'rien peut faire plier la plus haute des montagnes. Moi, j'pense qu'même la roche la plus rude finit par s'éroder. Plutôt qu'voir mon glorieux passé d'venir des miettes et retourner à la poussière, j'ai préféré partir et m'forger un nouvel avenir.

J'espère, Guilde du Fer, que tu s'ras le socle sur lequel je vais rebâtir ma nouvelle vie.

J'viens pas les pognes vides. S'inviter sans rien apporter, c'est laid. J'sais bien qu'les nôtres aiment juger par le talent, alors tu trouveras avec ce paquet et ce mot quelques objets nés d'ma confection. J'suis artisan à mon compte d'puis peu, et tout c'que j'sais faire j'le tiens de mon paternel. Mon vieux était un bon forgeron. Pas d'ceux qui façonnent les lames ou les armures, souvent grossières, mais ceux qui fabriquent des fers à bélier, des poêles, des couverts, voir des boucles d'ceinturon ou des godets. Des objets du quotidien, sans prétention. C'était aussi l'nain à tout faire du coin. On v'nait l'trouver pour des bricoles, comme des pioches, d'la cire à barbe ou des pierres à aiguiser. Mon père, ce touche-à-tout. A sa mort, j'ai repris son flambeau. J'ai hérité d'ses outils, de son feu et d'sa bicoque. Mais plus que tout, j'ai hérité d'son amour pour l'travail bien fait.

J'marchande un peu, mais j'ai pas l'don des langues comme Nal, le Serpent. J'rachète et j'vends du gros, autant du charbon qu'du bronze en lingot, mais j'manque de place pour stocker et r'fourguer mes denrées. Loin d'ma vallée, j'dois reconstruire ma vie et j'ai décidé d'partir pour Forgefer. Et de là, affronter la vaste cité de Hurlevent. J'te connais de loin, Guilde du Fer, et j'sais qu'tes affaires sont florissantes. Le fer que tu touches devient or, dit-on. T'as la main longue, des yeux dans chaque village des Royaumes de l'Est et la qualité des articles d'tes nains frôle la perfection. Moins que celle d'nos Ancêtres, mais qui peut prétendre à les dépasser ? Les égaler, au mieux.

Je cherche des amis. Des barbus sur qui compter et avec qui traiter. Et seul, j'arriverai à rien. Pourtant, j'suis pas un fervent partisan du Conseil des Trois Marteaux. Les miens de la vallée de Thrakan'raz ont la rancune tenace et le pardon lent. Mais les temps changent. On raconte qu'la Guilde du Fer a été la première à faire taire l'animosité des clans. Ca s'rait pour moi une leçon que de t'intégrer, ne serait-ce que pour apaiser mon cœur et peut-être étouffer mes préjugés, mais surtout pour étendre mon affaire et commercer avec le monde en compagnie de braves. Je souhaite te rencontrer, Vénérable Courbe-Rune. Toi, ou l'un de tes dignitaires. Je désire me présenter de vive voix et d'étaler mes idées et mes services. J'ai bien des talents, et si j'suis loin d'avoir l'expertise d'un vieux maître, j'connais quelques trucs qu'une vie d'un millier d'années saurait pas t'apprendre.

Qu'tes Ancêtres veillent sur toi et qu'ta fortune ne se tarisse jamais.

"D'la cire comme t'en verras peu. Je fabrique des bougies pour les mines et j'tiens sa source de la roche elle même. C't'une cire minérale, tiré d'un minerai gras et huileux sous le feu. Sa flamme tient plus longtemps et sa chandelle éclaire les plus obscures ténèbres des profondeurs sans trop couler. Et l'odeur qu'elle dégage à l'don d'éloigner les troggs. Mais pas les kobolds. Les vieux mineurs en raffolent."

"Une pierre que j'ai arraché à un bloc de schiste, puis taillé finement pour lui offrir une forme d'œuf. Agréable en main, c'te pierre à aiguiser est parfaite pour affûter des lames courtes et fines. Comme des dagues ou des hachoirs de boucher. C't'un schiste roux, donc plus robuste et possédant des grains lamellés plus compacts. C'pas fait pour la guerre, mais les mercenaires aimeraient beaucoup avoir ça en poche."

Brägal Pogne-Cuivre
Office de la Guilde du Fer
3, Rue des Mines
Quartier des Nains
Hurlevent

Kazal Brossétain
Vardemald
Les Paluns

Kazal Brossétain, fils de Barod,

Nous avons bien reçu votre demande pour intégrer notre prestigieuse Guilde du Fer et nous vous remercions de l'intérêt que vous portez.

Tout d'abord, nous saluons votre motivation évidente. A vos mots, nous réalisons parfaitement le défi que vous souhaitez relever et ce, malgré les avis récalcitrants de vos proches de la Vallée de  Thrakan'raz. Rien n'est plus digne pour un nain que vouloir affronter l'adversité. Quant à votre savoir-faire en matière de forge, ne vous sous-estimez pas, mon barbu. Tout ordre marchand - et société naine - se doit d'avoir un poilu capable de répondre à tous les besoins. Dans le cas contraire, l'expression "la poêle qui se moque du chaudron" aurait sa place.

Conformément au protocole et aux disponibilités de notre Vénérable Courbe-Rune, nous vous invitons à une première audience avec le Dignitaire Gondagar Mire-Diamant, membre du Conseil de notre ordre marchand, qui vous évoluera dans un premiers temps, en Forgefer, à l'office de la Guilde du Fer, au 2ème quart du jour (20h).

Que vos pognes ne connaissent jamais la tremblote.

Gratte-Plume
Brägal Pogne-Cuivre